Retour sur le stage Bernard Sachsé
Bernard Sachsé, un écuyer hors du commun
Avec un décalage du à l’assimilation de ce stage incroyablement riche… un aperçu de ces 3 jours extraordinaires avec Monsieur Bernard Sachsé.
D’abord le personnage : Deux yeux bleus qui transpercent, une silhouette de seigneur, l’homme se tient droit. Il dit lui même qu’il est condamné à l’équilibre et à le regarder, on en doute pas un seul instant. En peu de temps, on s’aperçoit qu’il possède aussi une expérience équestre d’une rare étendue, une bienveillance inébranlable envers les humains et les chevaux mais aussi… un sens de l’humour bien tanné qui fait de son enseignement un rêve de légèreté dans tous les sens du terme.
Son enseignement… un condensé de gentillesse, de tranquillité, de calme tout en étant dans le rythme propre à chaque cheval. Les remarques tombent au bon moment, justes toujours, négatives jamais. L’impression qui se dégage est celle du réglage d’un ballet, chercher la perfection consciente de chaque geste du cheval et du cavalier dans un temps qui échappe au temps.
Les cours s’enchainent, toujours avec cette parfaite adaptation à chaque couple cavalier cheval, comme si il les connaissait depuis toujours, comme si il savait déjà depuis des années de quoi ils avaient besoin là, maintenant.
Mon cours approche, tiens, petite pression là… comme d’habitude, je suis sans mors, sans fers, sans arçon, ce qui malheureusement condamne à la justesse pour ne pas desservir la cause. Je vais préparer Tzaroum, qui n’est pas physiquement le cheval rêvé pour en mettre plein les yeux des cavaliers « classiques » il a grandi trop vite, habite mal son corps, n’a pas des allures de rêve… la pression augmente. Cette « cause du cheval » me tient tellement à cœur !
Un stage fort en émotions…
J’arrive dans le manège, l’écuyer n’est pas encore là il arrive et déclare « mais qu’il est beau celui là ! » puis après un temps de réflexion « ce n’est pas le même que la dernière fois ? » Ben si, ouf la pression tombe d’un coup, le cheval a déjà bien changé depuis avril.
Premier jour, reprise des bases donc. J’avais oublié comment il pouvait nous faire entrer dans la matière, dans NOTRE matière. Comment il nous impose de nous lier au cheval, jusqu’à en devenir un prolongement. Comment il nous imposait la rigueur et l’implication dans NOTRE corps pour nous amener à maîtriser nos jambes, nos quatre jambes… non en cherchant à contrôler le cheval mais en allant dans son sens, toujours. Tzaroum a peu de force mais une grande finesse et une infinie volonté de bien faire, Bernard s’adapte à l’équation, enchaine les exercices pour lui permettre de fonctionner, de se renforcer, de trouver ses appuis stables, le miracle opère, le cheval se délie, libère de plus en plus son dos, retrouve de la rectitude, de la rondeur et surtout approuve le travail qui lui est proposé.
La première séance se termine, je compte mes muscles, il y en a tant que ça dans un corps humain ? En tout cas, je suis dans un état euphorique d’une part car cette équitation est celle à laquelle j’adhère sans conditions, d’autre part grâce à une petite phrase: « On a bien la preuve que la mâchoire se décontracte lorsque le cheval se plait dans son travail et non sous l’action d’une quelconque embouchure. » Dite à haute voix suite aux nombreuses cessions de mâchoires observables dans le travail de Tzaroum. Yes !
Le lendemain, on ne plaisante plus, les bases sont là, on travaille ! Au programme, échauffement des chaînes musculaires par des arrêts, reculers, départs en épaule en dedans au pas et au trot.
Début des appuyers tête au mur et départs au galop de l’appuyer au pas puis affermissement du galop en évasant et raccourcissant un même cercle. Mon petit cheval fin avec peu de force s’en sort parfaitement et prend de la solidité. J’étais bien loin de penser que l’on pouvait déjà envisager ce travail là ! Le maître ne s’est pas posé la question et de fait tout passe très bien. Les difficultés viennent de mes approximations et de mes mauvaises manies de cavalière solitaire (ah, avoir un œil extérieur…) le cheval va bien, lui !
Troisième jour, Tzaroum a quand même quelques courbatures, il travaille rarement 3 jours de suite et on a beaucoup travaillé sur ses muscles posturaux profonds. Bien sûr Bernard le remarque avant même que je lui en parle. Qu’à cela ne tienne, nous commençons par du travail à pied à l’épaule, il me fait enchaîner des exercices classiques mais qui par leur combinaison font un vrai stretching à mon petit cheval. Au bout d’une demi heure, en selle, on continue ce même travail, Tzaroum se décontracte et commence à marcher comme un chat, l’effet des 3 jours sur sa rectitude est remarquable (Tzaroum a un syndrome hi/lo et une colonne très vrillée). Nous terminons par le début des appuyers du milieu vers la piste, le cheval s’y prête… instant parfait.
Quand le haut niveau rime avec éthique…
Que dire de plus d’un tel stage… sinon que l’équitation classique, la vraie comme Bernard Sachsé la pratique et l’enseigne va dans le sens des chevaux. Elle les renforce, les apaise et les libère et cela est indiscutable. La transformation physique et mentale des chevaux présents sur les 3 jours est sans équivoque. Comme il n’y a pas de hasard, j’ai eu (entre autres) 2 chevaux un peu « difficiles » à travailler la semaine suivante, j’ai remercié copieusement Bernard car l’un est passé d’un état de peur manifesté par trépignement, crispation de la musculature et tendance au cabré à un état presque trop « mou » en 20’ et l’autre a dépassé une situation de blocages intempestifs… tout en douceur.
Alors MERCI Monsieur Sachsé une seule critique : vos stages sont trop courts ! Une seule évidence : il y a des personnes qui imposent le respect, vous en faites partie.
Paroles du maitre durant le stage :
« C’est en allant avec ton cheval qu’il ralentira, pas en allant contre. »
« Bien sentir aux 3 allures une intimité entre tes coudes et tes hanches. »
« On a bien la preuve que la mâchoire se décontracte lorsque le cheval se plait dans son travail et non sous l’action d’une quelconque embouchure. » (merci Tzaroum et Rykielle !)
« La rêne intérieure et la jambe intérieure font remonter le dos du cheval SI les aides extérieures canalisent le cheval. »
« L’équilibre réveille les chevaux endormis et calme les chevaux chauds. »
« La fixité est un préalable a la communication. Elle n’est pas un carcan mais au contraire elle libère. »
« Pour moi l’art équestre et la compétition sont incompatibles. »
Ne manquez pas une visite sur son site : http://www.bernardsachse.com/
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Commentaires (2)
Merci pour ce compte rendu. Tu as un véritable talent pour écrire, je ne me lasse pas !
Ce stage avait l’air passionnant, j’espère pouvoir un jour faire de même.
Bonne continuation, Edmée.
Très belle écriture en effet et très beau tableau que tu nous dresse ici. Merci pour le partage.
Pierre-Alexandre