Enseignement alternatif de l’équitation : du “dev’pers” ?

Enseignement alternatif de l’équitation : du “dev’pers” ?

« 𝚎𝚝 𝚓’𝚊𝚒 𝚓𝚊𝚖𝚊𝚒𝚜 𝚍𝚒𝚝 𝚚𝚞𝚎 𝚓𝚎 𝚝𝚛𝚘𝚞𝚟𝚊𝚒𝚜 𝚋𝚒𝚎𝚗 𝚝𝚘𝚞𝚝𝚎𝚜 𝚕𝚎𝚜 𝚍𝚒𝚏𝚏𝚒𝚌𝚞𝚕𝚝é𝚜 𝚛𝚎𝚗𝚌𝚘𝚗𝚝𝚛é𝚎𝚜 𝚙𝚊𝚛 𝚕𝚎𝚜 𝚎𝚗𝚜𝚎𝚒𝚐𝚗𝚊𝚗𝚝𝚜 𝚍’𝚞𝚗𝚎 é𝚚𝚞𝚒𝚝𝚊𝚝𝚒𝚘𝚗 “𝚊𝚕𝚝𝚎𝚛𝚗𝚊𝚝𝚒𝚟𝚎”, 𝚓𝚎 𝚝𝚛𝚘𝚞𝚟𝚎 𝚎𝚗 𝚛𝚎𝚟𝚊𝚗𝚌𝚑𝚎 𝚍𝚘𝚖𝚖𝚊𝚐𝚎 𝚚𝚞𝚎 𝚕𝚊 𝚜𝚎𝚞𝚕𝚎 𝚜𝚘𝚕𝚞𝚝𝚒𝚘𝚗 𝚝𝚛𝚘𝚞𝚟é𝚎 𝚜𝚘𝚒𝚝 𝚌𝚎𝚕𝚕𝚎 𝚍𝚎 𝚙𝚊𝚛𝚝𝚒𝚛 𝚍𝚊𝚗𝚜 𝚕𝚎 𝚍é𝚟𝚎𝚕𝚘𝚙𝚙𝚎𝚖𝚎𝚗𝚝 𝚙𝚎𝚛𝚜𝚘… »

Cette phrase tirée d’un commentaire suite à un partage de post sur mon mur perso m’a interpellée, merci à son auteur.

J’y vois un mélange de constatations, émotion, impuissance eut être et incompréhension sûrement.

CONSTATS : La vie d’un enseignant alternatif est plutôt dure, sacrificielle voire sacerdotale. La rémunération est basse et les efforts physiques, le temps à passer et les connaissances à acquérir sont immenses.

ÉMOTION/SENTIMENT : Injustice, fatalisme, bravoure.

IMPUISSANCE : Pas d’idée pour changer cela ni de modèles à suivre respectant mes valeurs.

INCOMPRÉHENSION : Puisque celles qui y sont ne trouvent pas de solution, elles partent dans le dev’ perso.

Non.

Si au fil des ans, les enseignantes se déplacent moins et proposent leurs stages chez elles
Si petit à petit les enseignantes commencent à parler de l’humain autant voir plus que du cheval
Si les enseignantes proposent des prestations en visio ou sur plateforme et plus seulement en présentiel
Si elles ont de moins en moins de certitudes et de méthodes et de plus en plus de laisser faire et de laisser être

Ce n’est pas parce qu’elles « partent dans le dev’perso ».

C’est juste que c’est l’enseignement que elles comme moi ont reçu au fil de milliers d’heures aux côtés des chevaux et des cavaliers. Des milliers d’heures d’observation, de conversations, de recherches, d’observation encore, de doutes, de désespoir, de douleur, de joie, de formation, d’observation toujours.

Et durant ces milliers d’heures, la présence des chevaux nous polit et nous dépouille. L’enseignement et l’accompagnement des humains cavaliers nous affute et nous questionne. Et au bout de tout cela, nous nous trouvons avec un message tellement immense à transmettre, tellement important et capital pour le monde, tellement plus grand que travailler des chevaux à pied et ou monté.

Ce message là, il est universel. Pour le faire circuler, nous nous servons de la technologie si il le faut pour toucher le plus de monde possible.

Et nous sommes dans ce double mouvement d’aller vers l’extérieur et vers l’intérieur. D’avoir envie de transmettre tellement au plus grand nombre et en même temps d’avoir envie de repos après ce chemin si exigeant et impliquant.

La meilleure instructrice avec qui j’ai eu la chance de travailler était BEES2° et agrégée de philosophie. A l’époque, je trouvais cela cocasse. 20 ans après, je ne peux que constater la symétrie de ces 2 disciplines qui se reflètent l’une dans l’autre comme un paysage se reflète dans une étendue d’eau calme.

Je ne publie pas grand chose en moment sur cette page car je suis en plein dans ce processus. Je sais qu’il me faut maintenant redonner ce que j’ai reçu des milliers d’heures passées dans les prés, carrières, manèges, concours. Ces milliers d’heures à cheval et à pied qui m’ont fait comprendre que j’étais allée vers les chevaux pour m’éloigner des humains. Puis que mettre des humains sur le dos des chevaux obligeait à s’intéresser et à se rapprocher des humains. Et enfin que travailler l’humain pour le rendre compréhensible par un cheval était bien plus efficace que l’inverse.

Comment transmettre ? Probablement comme j’aime le faire, en me coulant dans la lenteur de l’âme de chacun. Je crois à la douceur parce qu’elle est invincible. Je préfère oeuvrer en permaculture ou même en syntropie en ajoutant des feuilles mortes par ci, de la cendre par là, en laissant pousser des fleurs spontanées, en taillant juste pour remettre à la terre plutôt que labourer, retourner, planter en rang et désherber. Les accompagnements où on parle « challenge », « défi », se faire booster » me font penser à du labour. La terre n’aime pas ça, et même si elle va produire de beaux fruits et légumes, ce sera toujours une lutte, une discipline et des efforts pour le jardinier.

Comme pour l’humain ainsi bousculé par un accompagnement « hors sol », il devra rester dans la lutte permanente pour garder les fruits issus de ce genre d’accompagnement.

« Expérience Équité » était le premier accompagnement ou l’humain travaille avant le cheval que je proposais. Il tient ses promesses au delà de tout ce que je pouvais espérer, je suis infiniment admirative du chemin parcouru par chacune des participantes. La peur était un thème commun au départ, j’ai fait semblant de traiter le sujet le temps que chacune aille et trouve l’endroit en elle où la peur n’existe pas. Sans forcer, jamais. Chacune à son rythme. Chacune sur son chemin. Simplement parce que je sais que cet espace existe en chaque personne.

A moi d’inventer la suite d’Expérience Équité maintenant. Stages ? Programmes courts ? Mix Visio et présentiel ? Programmes longs ? Tout autre chose ? Si vous avez des idées et des envies, elles sont les bienvenues…

Commentaire (1)

  • BALENO Répondre

    Ooooh, je viens de lire que tu étais «infiniment admirative » de nos progrès (nous, tes élèves). Ça me fait super plaisir 😊😊 Merci de le dire ! (Et même de l’écrire ici 🤩).
    Pour la suite, j’ai choisi l’abonnement avec 1 rendez-vous par trimestre. Comme ça, tu es toujours là, mais je continue à apprendre à me faire confiance. A NOUS faire confiance 😊
    Merci 🙏🙏🙏🙏🙏

    9 décembre 2022 à 22 h 17 min

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