La légèreté, l’apanage de la conscience ?
Le voilà : le mot qui peut faire se battre des montagnes (ou plutôt des chapelles) dans le milieu équestre. Chacun s’en réclame, tous la proclament et pourtant…
Si la légèreté n’était pas là ou l’on croit ?
On l’applique souvent en premier au cheval : il DOIT être léger ! Ne pas peser sur la main, être léger à la jambe, être léger dans ses déplacements, etc. Il existe une multitude de moyens équestres dans ce but : des plus brutaux (mors plus durs dissuadant le cheval de s’appuyer, éperon comme aide impulsive, etc.) aux plus pernicieux (mains hautes interdisant tout appui par exemple) aux plus justes (travail sur le long terme dans le respect de l’intégrité physique et mentale de chaque cheval).
On l’applique ensuite au cavalier : il DOIT être léger, dans sa main, son assiette, ses demandes… et qui pourtant en arrive aussi souvent à utiliser les moyens brutaux ou pernicieux cités plus haut (entre autres) c’est souvent peu patient un cavalier, malheureusement.
On retrouve même ce concept de légèreté dans… le matériel ! Les selles, les étriers, les fers affichent désormais leur poids, jusqu’aux vêtements parfois ! Bref, la légèreté colonise le monde équestre jusque dans ses aspects les plus futiles !
Mais alors : avec cette débauche de légèreté… pourquoi voit on encore autant d’horreurs dans le monde équestre ?
Parce que (de mon point de vue) la légèreté n’est pas à chercher DEHORS (sur le cheval, la gestuelle du cavalier ou l’équipement) mais bien DEDANS car…
La légèreté est d’abord un état d’esprit.
L’esprit léger qui va permettre de se servir de tout ce qui existe de part le monde comme approches et techniques équestres sans pour autant s’enfermer dans une « méthode » qu’il faudrait ensuite défendre bec et ongles jusqu’à en être il faut bien le dire… un peu lourd.
L’esprit léger qui libère de toute attente de résultat immédiat lorsque l’on est avec un cheval afin de sentir ce que le cheval est réellement en capacité de donner à ce moment là et ainsi aller à son rythme dans la nécessaire et salutaire lenteur. «Aller très lentement pour mener le dressage rapidement» (Général Faverot de Kerbrech)
L’esprit léger permettant de distinguer dans les « nouveautés révolutionnaires » dont le marché nous abreuve en matériel, méthodes de travail et de soins, uniquement ce qui est valable sans céder à l’effet de mode.
L’esprit léger pour que face à un cheval difficile ou dangereux, l’ambiance de travail reste vigilante et bienveillante, jamais pesante, que l’énervement et la brutalité soient remplacés par la réflexion et la douceur afin que puisse émerger une légèreté offerte par le cheval et non une légèreté contrainte.
L’esprit léger enfin pour que celui ou celle qui travaille avec les chevaux le fasse avec humour pour pouvoir sourire ou même rire aux éclats devant les réponses qu’ils nous proposent parfois.
Alors oui, la légèreté est un état d’esprit qui suppose que la conscience a pris le pas sur l’égo pour que l’humain tout en étant clair et cohérent face au cheval soit capable de rire de tout, quoi que fasse ou ne fasse pas le cheval et surtout, surtout… rire de lui même !
Pour terminer, peut être pouvons nous nous inspirer de cette pensée centrale du bouddhisme : « Il n’y a pas de chemin vers le bonheur, le bonheur est le chemin » pour dire :
« Il ny a pas de chemin vers la légèreté, la légèreté est le chemin ».
Ou sourire devant ce petit morceau d’une séance de Bernard Sachsé
«Amuse-toi ! Faut être méthodique et rigolo sinon le dressage c’est chiant… surtout à regarder ! Le dressage c’est une question d’intériorité, rien de sensationnel ou de spectaculaire… »
Restons légers !
Commentaires (6)
Très juste…
Le Cheval ne nous doit rien !
Merci Serge, j’approuve !
Merci pour ce texte, ça fait du bien à lire 🙂
La photo d’intro est magnifique…
Bises
Merci Enora, à bientôt j’espére 😉
J’aime ce texte qui, sous son aspect léger, est très technique.
Merci Bernard, cela me touche spécialement venant de vous 🙂